Enora Antoine

Enora Antoine

A la minute où je rencontre Enora Antoine, je ressens presque instantanément les raisons du succès que remportent ses bijoux. Présente à la dernière édition du salon Who’s Next à Paris, nous échangeons sur ses dernières créations ainsi que sur les modèles phares de ses précédentes collections. L’intérêt que j’ai développé pour ses bijoux au travers d’images qu’elle publie sur son site internet et ses réseaux sociaux se confirme. Rencontre.

Le temps de l’observation

Saisir l’émotion que nous procure un objet aussi personnel que le bijou n’est pas chose aisée. Combinaison de plusieurs facteurs tous aussi différents les uns que les autres, cette émotion résulte peut-être, en premier lieu, de la personne qui l’a conçu. Qui êtes-vous Enora Antoine ?

Issue d’une famille d’artistes-peintres et de musiciens, Enora développe dès son plus jeune âge une passion pour les arts. Adolescente, elle coud ses tenues d’étudiante, ses robes de bal… Pour cela, elle suit des cours de couture, s’imprègne des codes du stylisme, observe, s’informe, expérimente. Pourtant, à l’âge où il convient de choisir sa voie professionnelle, elle opte pour une matière qui paraît sensiblement différente de celle de la création artistique : la psychologie. Mais est-ce bien certain que ces deux domaines soient si dissemblables ? Si vous cherchez une définition au mot « psychologie », vous pourrez lire ceci :

"Connaissance empirique, intuitive des sentiments, des idées, des comportements humains."

Autant de facultés – on pourrait parler de dons – qui sont nécessaires à la psychologue mais aussi à la créatrice qu’est Enora Antoine. Durant plusieurs années, bien que passionnée par cette matière, elle ne renonce pas à ses premières aspirations. En parallèle de son métier, elle confectionne des bijoux en tissu. Comment passe-t-on du tissu au métal ?

"Jusqu’alors, je réalisais des modèles en tissu pour mon propre plaisir. Et puis j’ai eu envie d’assurer entièrement la création et la fabrication de vrais bijoux en métal. 

Au travail, j’ai eu un accident très grave au genou, qui m’a immobilisé pendant quatre mois. A ma sortie de l’hôpital, je ne suis pas retournée travailler, j’ai lancé ma marque de bijouterie tout en continuant mes études de joaillerie à côté. Sans cet accident, je pense qu’aujourd’hui je serais toujours entre mes deux passions, sans choisir."

Par ces mots, on comprend que si travailler à partir du tissu est un moyen de s’approprier les contours d’une identité, l’emploi du métal lui permet d’affirmer une singularité. A qui découvre les créations d’Enora Antoine, l’une d’entre elles retient d’emblée l’attention. Il s’agit de son logo qui est aussi son premier bijou pour sa marque éponyme.

"Mon premier bijou – son logo – est celui de mon identité visuelle. C’était une évidence pour moi de pouvoir le traduire en bijou. Il s’agit de mes initiales, le « E » pour Eternité et le « A « pour Amour, des valeurs très importantes à mes yeux et que je souhaite transmettre au travers mes créations."

Visuellement, les initiales de la créatrice flirtent avec le symbole représentant l’infini. La marque de bijoux Enora Antoine est née.

Des bijoux comme des rencontres

Dans son atelier bruxellois, la joaillière dédie ses premières années passées à l’établi à la réalisation de bijoux sur mesure. Chaque création est l’occasion d’une rencontre. A partir d’un souhait exprimé par un homme ou une femme, Enora s’applique à le traduire en bijou. Comment procède-t-elle ?

"Pour mes pièces sur mesure, j’essaye de répondre au désir de la personne. Je vais plus loin que le descriptif esthétique. Cela vient du fait que j’essaie de comprendre pourquoi on a besoin de porter un bijou, pourquoi on veut en offrir un, quelle est sa signification… C’est la continuité de toutes ces réflexions-là."

Intuitive par nature, la créatrice exprime à l’aide du métal et des pierres la parole qui lui a été transmise. Des mots évanescents naît un objet chargé d’histoires : celles de ses clients auxquelles se superposent, naturellement, celles de l’atelier. Qu’en est-il pour ses collections ? Lorsque je lui demande comment élabore-t-elle ces dernières, Enora me confie :

"J’ai un carnet que j’ai tout le temps en ma possession. Dès que j’ai une idée ou une image qui me vient je les note et je fais une esquisse ou un croquis."

La joaillière Enora Antoine dans son atelier à Bruxelles.

De ces images, de ces sensations emmagasinées naissent des collections toutes aussi singulières les unes que les autres. Les bijoux de la collection Lovely évoquent « la rencontre de la force et de la légèreté, de la puissance et de la finesse », autant de qualités poétiquement symbolisées par un oiseau ; la collection Sunshine « explore l’immensité de l’univers et plus particulièrement l’activité solaire » ; celle intitulée Reflet s’inspire d’un détail de l’architecture japonaise : le shôji, un panneau coulissant transparent qui sert à séparer la maison de l’extérieur.

Enora Antoine observe le monde environnant avec curiosité et assiduité. Pour sa dernière collection, Eternal Kô, la joaillière nous dévoile une autre facette de son univers, plus personnelle.

"Pour la petite histoire, j’ai trouvé cet hiver une lettre d’amour dans un coffre familial. Et cela m’a bouleversée. Cette lettre, c’est celle de mon arrière-grand-mère écrite pour son mari. Cela a résonné en moi comme un appel. Cet amour éternel qu’avaient mes arrière-grands-parents l’un envers l’autre m’a inspiré le nom de cette collection. Kô étant leur surnom d’amoureux."

Cette source d’inspiration ne constitue pas la seule nouveauté de la collection.

"Pour cette collection, je me suis tournée de manière évidente vers des matériaux précieux que sont l’or, les diamants et les émeraudes. A travers cette collection, j’espère pérenniser ce lien intergénérationnel et rendre ma Suzanne/Kô éternelle."

Tout est dit. Les premières minutes de ma rencontre avec Enora me reviennent alors en tête. Par ses talents de joaillière alliés à un désir constant de découvrir le monde, de connaître l’autre, cette dernière parvient à transmettre plus qu’un bijou : une émotion.

Collection Eternal Kô : dormeuses et bague en or 18 carats, diamants et perles de culture.

Pour découvrir les bijoux d'Enora Antoine :

Les créations d'Enora Antoine sont vendus dans plusieurs points de vente ainsi que sur sa boutique en ligne. Retrouver toutes les informations sur son site web

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Crédits photos : Enora Antoine.